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Romain le Togolais

Que vient chercher François Hollande au Bénin à quelques mois des élections présidentielles ?

Que vient chercher François Hollande au Bénin à quelques mois des élections présidentielles ?

La question mérite d’être posée lorsque qu’on sait que cette visite du président français intervient quelques jours après la nomination surprise de Lionel Zinsou comme Premier Ministre par l’actuel chef d’Etat béninois dont le mandat tire à sa fin.

 

François Hollande vient-il au secours de Yayi BONI qui se cherche désespérément un successeur ? Ou bien vient-il au secours d’un homme politique dépassé par les évènements tant sur le plan intérieur qu’extérieur ?

Si au début de son second mandat dit celui du changement et de la refondation, l’homme avait suscité de l’espoir chez ses compatriotes, il faut dire que la fin de sa mission est tout sauf une réussite.

Pris dans une série de crises sans fin, il ne fait pas bon d’être YAYI Boni présentement au Bénin. Sur le plan économique, le pays est secoué par des scandales de tous genres, des scandales liés à la grande corruption et aux détournements de fonds.

Courant mai 2015, lors de la rentrée parlementaire, Rosine SOGLO, ancienne première dame et doyenne en âge de la nouvelle législature, n’a pas mâché ses mots parlant des maux qui gangrènent le pays :

"Je voudrais dire ceci, que nous sommes la deuxième institution de la République. Et pour cela, je voudrais que nous respections cet auguste Assemblée, cette auguste institution. Il me serait désagréable de savoir que parmi nous se cachent, comme dans des repères, des gens qui ne sont pas catholiques, qui ont des cadavres dans leur placard et qui sont ici, alors qu’ils sont des fossoyeurs de l’économie nationale"

Le second mandat de Yayi Boni a été celui de tous les scandales et de toutes les crises. Chaque jour, les faits se suivent et se ressemblent, malheureusement.

Le très brillant économiste de la BOAD n’a pas su tirer son pays vers le haut en matière de corruption et de détournement. Plusieurs partenaires internationaux dont les Pays-Bas et le Danemark ont dû suspendre leur aide pour cause de mauvaise gouvernance.

Sur le plan politique, rien ne marche pour Yayi Boni dont le parti FCBE a trébuché lors des dernières élections législatives remportant 33 sièges sur les 83 à pourvoir. Difficile de faire mieux, tant les scandales étaient légions.

Acculé de tous côtés et surtout face à des adversaires politiques qui continuent de douter de ses futures intentions, YAYI n’a pas eu d’autre choix que celui de faire appel à la métropole.

François HOLLANDE qui jurait de mettre fin à la francafrique, n’a pas hésité à répondre favorablement à la requête de Yayi Boni en mettant à sa disposition un homme de confiance : Lionel ZINSOU, franco béninois diplômé des grandes écoles françaises et Président de l’un des plus grands fonds d’investissement en Europe (PAI Partners).

Ce n’est pas pour les beaux yeux des béninois encore moins pour saluer les discours alambiqués de Yayi Boni que François Hollande et Laurent Fabius ont décidé de sacrifié l’une de leur éminence grise en matière financière surtout à un moment où la zone euro traverse une zone de turbulence, pour le mettre au service du Bénin. Ce n’est pas non plus pour être un « simple » Premier Ministre pour une si courte durée que Lionel ZINSOU a tout abandonné en Europe pour venir nager dans le marigot africain qu’il prétend connaitre bien qu’il ait vécu tout son temps en France.

Les Socialistes français sont de retour en Afrique, il faut le dire clairement ainsi. La stratégique position du contiennent africain et la course lancée par les chinois ont obligé les socialistes français à revoir leur vision des relations entre le continent Noir et la France.

Le récent lancement de la Fondation franco-africaine pour la croissance que dirigeait justement Lionel Zinsou, le nouveau premier ministre béninois, en dit long sur les ambitions françaises sur le continent.

Et pour réaffirmer cet attachement, au continent noir, François Hollande n’entend pas seulement envoyer des fonctionnaires, mais lui-même sera présent sur le terrain afin de s’assurer de la bonne marche de ses plans. Le Bénin et le Cameroun, deux pays stratégiques dans le pré carré français sur le continent seront visités par François Hollande et cela ne relève pas d’une décision fortuite. Pressentant le danger que constituent les périodes électorales, le président Français met tout en œuvre pour éviter des surprises désagréables et plus particulièrement au Bénin où la situation de ces derniers mois inquiète au plus haut point. Manifestations, marches de protestation de ces derniers mois à Cotonou et les querelles politiques entre anciens alliés ne rassurent pas le dirigeant français obligé de venir au secours d’un pays où le Chef de l’Etat semble ne plus avoir la maîtrise de la situation. Habitué à des alternances apaisées, le Bénin d’aujourd’hui inquiète. Et la sous-région est assez déstabilisée pour que le Bénin vienne s’ajouter au lot des pays mal en point.

Après le Burkina et la Côte d’Ivoire, le dossier béninois reste l’un des plus préoccupants pour les intérêts de la France car c’est l’un des pays qui partage une longue frontière avec le Nigéria où le terrorisme s’est installé durablement et l’uranium du Niger transite par le port de Cotonou.

Et en France, quand on parle d’Uranium on parle de sécurité. Si au Mali, François n’a pas douté une seule seconde avant de se lancer à l’assaut des bases djihadistes qui menaçaient d’étendre leur rayon d’action dans tout le sahel, au Bénin on préfère contrôler la situation en amont et s’assurer que le Bénin ne basculera pas à cause des élections.

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